À une époque moins reculée, les Grecs ont été de grands innovateurs. Ce sont les Égyptiens qui leur ont appris l'art de cuire le pain. Auparavant, ils ne connaissaient que les galettes faites à partir de la farine d'orge. Six cent ans avant Jésus-Christ, l'orge était la base de leur alimentation; les riches se nourrissaient de pain fait avec ce grain, alors que les pauvres satisfaisaient leur faim avec de la bouillie. Cent ans plus tard, la consommation du pain d'orge se généralisa. Mais les riches ne voulaient se satisfaire d'être au même niveau que le peuple. Le blé, offrant une farine plus facilement panifiable, devint leur grain de prédilection. Les grecs, peuple raffiné et cultivé, élevèrent le métier et l'art de la boulangerie à un nouveau sommet. Le grand art des boulangers grecs consista non seulement en la diversité des compositions de la pâte à pain mais surtout aux formes variées données aux pains (souvent appropriées à telle ou telle fête). Ils expérimentèrent avec le levain: ils le fabriquèrent soit à partir de millet et de moût lors des vendanges (cet amalgame une fois pétri pouvait être conservé pendant un an), soit à partir de son de blé et de moût vieux de trois jours. Le processus de fermentation pouvait être facilité par l'adjonction de soude et de jus de raisin à la pâte. Pour donner plus de goût ils incorporèrent de l'hydromel, des figues, des poires sauvages, des mûres, des coings, de la graine de lin, etc. et aromatisèrent la pâte avec du sésame, du lait, du pavot, de la crème, de l'anis et du miel; en plus du pain de blé et d'orge, ils faisaient du pain d'avoine, de millet, de lentilles et de gruau d'orge perlé. On rapporte plus de 70 variétés différentes. Artistes dans l'âme, les grecs donnèrent plusieurs formes à leurs pains: ronds, allongés, en couronne et même en formes décoratives - lyre, arc, animal, etc. Le pain de qualité était aussi bien importé qu'exporté.